AMITYVILLE . Rebirth
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
Accueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

 

 Un corps vide de toute vie __Samuel

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Anna N. Doyle

Anna N. Doyle


Messages : 223
Date d'inscription : 23/08/2009
Age : 33

About you.
Your relationship.:
Theme Song.: All I Need - Within Temptation

Un corps vide de toute vie __Samuel Empty
MessageSujet: Un corps vide de toute vie __Samuel   Un corps vide de toute vie __Samuel EmptyMer 26 Aoû - 2:15

    Trois semaines déjà… J’avais l’impression que toute cette histoire datait encore d’hier, et pourtant déjà trois semaines que cela s’était passé. Mes souvenirs de cette soirée étaient si marquants que chaque matin, je me réveillais avec l’impression que tout cela était arrivé la veille. Et comme chaque matin depuis trois semaines, j’avais serré Abby contre moi tandis qu’elle dormait avec moi dans mon lit, refusant désormais de dormir sans une présence à ses côtés, et pas n’importe laquelle, puisque chaque soir, c’était dans ma chambre qu’elle se rendait, et c’était à moi qu’elle posait cette même question : « Je peux dormir avec toi, Anna ? » Et chaque soir, je lui répondais la même chose « Viens. » parce que je refusais de la laisser s’endormir seule dans la terreur, et parce que je me sentais terriblement responsable de son traumatisme, puisque c’était moi qui l’avait amené à cette soirée qui aurait dû être un agréable moment entre amis, mais qui avait coûté la vie à six d’entre nous, dont mon frère Alex et par conséquent le cousin d’Abigaïl. Ce matin encore, alors qu’il devait être cinq heures tout au plus, je m’étais réveillée après un cauchemar dans lequel je voyais Alex pendu dans une des chambres, et j’avais serré Abby contre moi alors qu’elle dormait encore.

    Ce que j’avais fait entre le moment où je m’étais réveillée et celui qui m’avait conduite sur le perron de la maison ? Je n’en savais strictement rien, j’avais comaté. A la demande de mon oncle Logan, qui se montrait bien plus dur avec moi que trois semaines plus tôt, avant qu’il ne perde son neveu et fasse face aux traumatismes de sa fille et sa nièce, j’étais sortie pour prendre le courrier. Je n’y prêtais jamais plus attention que cela, mais tandis que je revenais vers la maison, je regardais le destinataire de la lettre que je tenais dans mes mains : moi. Je reconnaissais alors cette écriture, la dernière que j’avais reçue comme celle-ci daté de début juillet, et comme les vingt-et-une précédentes lettres, je ne l’avais pas ouverte, me résignant à entretenir avec mon père un semblant de relation qui n’avait en réalité aucune existence propre.
    Cependant troublée par cette lettre, la première que je recevais de lui après la mort d’Alex, je ne rentrais finalement pas immédiatement à la maison pour continuer mon inactivité totale, ma cessation de vie, appelez ça comme vous le voulez. Mes pas lents et forcés s’arrêtèrent lorsque j’atteignais le perron, et je m’asseyais alors sur les marches en bois blanc de ce dernier. Je scrutais de nouveau cette écriture, certaine qu’il s’agissait bien de la sienne, et j’imaginais ce qu’il avait bien pu m’écrire cette fois-ci. Aurais-je le droit à des stupidités comme celle qu’il partageait ma douleur et qu’il la comprenait ? Non, il ne la comprenait, il n’avait pas de réel lien avec Alex, il ne pourrait pas comprendre ma douleur de l’avoir perdu. Il n’avait même pas daigné venir à son enterrement ! Toujours la même excuse bien évidemment. Je regrettais presque qu’il ne fut pas en prison, au moins il n’aurait pas cette excuse d’avoir à se cacher des autorités…

    Assise sur les marches du perron depuis quarante bonnes minutes, et encore je me soupçonnais d’y être depuis bien plus longtemps que cela, je fixais obsessionnellement cette lettre hésitant à l’ouvrir, et la frôlant de temps à autre de mes doigts. Mon visage morne était vide d’expressions, et j’étais exactement ce que mon oncle et sa femme avaient dit « un corps vide de toute vie », bien qu’ils ne l’avaient pas formulé ainsi et que contrairement à mon ton, le leur était inquiet. Oui, j’étais vide, sans Alex je n’étais rien… Il était mon double parfait, et je n’avais jamais eu à vivre sans lui jusqu’à maintenant, si bien que sa perte et le traumatisme de cette soirée réduisait à néant ce que j’avais pu être…
Revenir en haut Aller en bas
Samuel R. Keller

Samuel R. Keller


Messages : 172
Date d'inscription : 23/08/2009
Age : 32

About you.
Your relationship.:
Theme Song.: Stand my ground - The Silent Force

Un corps vide de toute vie __Samuel Empty
MessageSujet: Re: Un corps vide de toute vie __Samuel   Un corps vide de toute vie __Samuel EmptyMer 26 Aoû - 2:59

    Chaque jour depuis trois semaines, la même pensée, le même regret, celui d’avoir proposé. Jamais, à aucun moment je n’aurais pu imaginer que nous assisterions, impuissants, totalement désabusés, à un tel drame. Cette nuit-là je perdis bien plus que six amis, je perdais mon innocence, mon irresponsabilité et ce quelque chose qui me faisait croire en l’homme intouchable que je pensais être. Le pire arrive toujours aux autres, même si dans notre tragique histoire, je n’aurais souhaité cela à personne. Cette soirée qui n’aurait dû être que sympathique et jovial se transforma en un véritable cauchemar en l’espace de quelques secondes.

    Je restais allongé sur mon lit, déjà réveillé depuis une heure, sans trouver de motivation suffisante pour me lever du seul meuble que je trouvais sécurisant, douce illusion enfantine. C’était Aaron qui vint me pousser du lit, jugeant crucial de me faire bouger. Il souhaitait que je sorte, voilà une chose que je n’avais pas même envisagé depuis trois jours, et me pria de ne rentrer qu’une fois mes idées plus claires. Mon esprit était clair, mes idées étaient claires, j’étais le responsable de ce massacre. Un responsable indirect puisqu’à aucun moment je ne souhaitais la mort de six de mes amis, mais un responsable tout de même. Si je ne les avais pas forcé à entrer, je proposais l’idée d’explorer les recoins de la maison dite hantée d’Amityville. Jusque là mes croyances sur le surnaturelle équivalaient à celles que je pouvais penser du Père Nöel et de la petite souris, pures foutaises, qui dans ce cas là n’était qu’un moyen comme un autre d’attirer la curiosité sur notre petite ville de campagne. Je ne mentirais pas en affirmant que les évènements de cette soirée me laissaient septique. Nous n’avions rien vu, rien entendu, hormis les cris de nos compagnons déjà perdus dans la maison. Je me souviens encore avoir crié à mon frère de sortir, puis avoir attrapais la main d’Anna, qui elle-même tenait sa cousine, et nous courûmes vers la sortie.
    Je sortais donc, dubitatif sur cette promenade qui devait, d’après mon oncle, m’oxygénait le cerveau, me changer les idées, qu’importe l’explication, c’était d’avance peine perdue. Habitués, mes pas m’amenèrent près du lac où je savais une jeune fille endormie dans sa villa, encore traumatisée par la récente mort de son frère jumeau, victime lui aussi de cette nuit de juillet. Je m’avançais sur un chemin que je connaissais sur le bout des doigts pour le parcourir depuis une dizaine d’années. J’ignorais quoi faire une fois seul devant sa maison, mais tant pis, mes jambes ne semblaient pas se soucier de la question et continuèrent à me mener vers celle dont seule la prononciation de son prénom arrivait à chambouler mon rythme cardiaque d’une manière totalement surprenante.

    Elle me surprit à être assise sur les marches de son perron, tenant une lettre encore fermée entre ses mains. Même de loin j’apercevais le regard vide d’émotion que je lui connaissais depuis maintenant trois semaines. Ce regard inexpressif dont je connaissais la cause sans réussir à apaiser la souffrance qu’elle engendrait. Je continuais de la fixer, mon regard allant de son visage à la lettre qu’elle tenait fermement entre ses doigts. Je ne pus réprimer un soupir, je savais qui était le destinateur de cette lettre. Son père. Jusque là je lui connaissais ce regard pour être celui d’une fille laissée à l’abandon par ses parents, la mort de son frère ne faisait que l’accentuer d’avantage. Je n’essayais pas de me cacher, ni même de l’espionner, mais notre relation n’était plus la même depuis leurs morts, quelle réaction aurais-je pu avoir ? Rester loin d’elle, à la surveiller sans qu’elle ne le sache, me paraissait être la meilleure solution, bien qu’elle soit la seule que j’eue en tête à cet instant. Nos échanges étaient inopinés et brefs, autant dire que nous ne étions vus qu’à l’enterrement de nos six amis.

Revenir en haut Aller en bas
Anna N. Doyle

Anna N. Doyle


Messages : 223
Date d'inscription : 23/08/2009
Age : 33

About you.
Your relationship.:
Theme Song.: All I Need - Within Temptation

Un corps vide de toute vie __Samuel Empty
MessageSujet: Re: Un corps vide de toute vie __Samuel   Un corps vide de toute vie __Samuel EmptyMer 26 Aoû - 11:40

    Combien de temps était encore passé tandis que je continuais de fixer obsessionnellement cette lettre dont j’avais attendu l’arrivée. J’ignorais comment, mais mon père avait toujours su ce qui nous arriver à Alex et moi, ce qui m’avait conforté durant mon enfance et une partie de mon adolescence qu’en vérité il n’était pas loin de nous. J’avais compris plus tard qu’il n’avait jamais été vraiment là, et que mon rêve de petite fille n’était qu’une utopie que mon oncle m’avait laissée par peur de me briser le cœur avec une vérité trop cruelle pour une enfant de mon âge. Je scrutais encore l’enveloppe de la lettre, la frôlant toujours de mes doigts fins d’un geste tout à fait machinal, et j’espérais que la réponse à mon interrogation viendrait d’elle-même sans que j’ai besoin de réfléchir à la question que je me posais : l’ouvrir ou ne pas l’ouvrir ? Serait-elle la vingt-deuxième lettre de lui que je n’ouvrirais pas, la vingt-deuxième qui terminerait dans une boîte de mon placard, à côté d’une autre dans laquelle plus d’une centaine d’autres lettres ouvertes étaient rangées ? Je me souvenais encore de la première que je n’avais pas ouverte, je l’avais reçu l’an dernier à notre anniversaire, et alors qu’Alex avait ouvert la sienne, j’avais laissé la mienne fermée.
      − Anna ? Tu n’ouvres pas ta lettre ?
      − Non. S’il veut me souhaiter un bon anniversaire, il n’a qu’à venir le faire.

    Alex avait toujours été bien plus patient que moi pour ce qui était de l’amour irréel de notre père, et la relation inexistante que nous pouvions entretenir tous les trois. Pour moi, il ne faisait que se défiler, il ne cherchait pas à être notre père. Pour moi, il aurait dû se rendre, passer un certain nombre d’années en prison pour finalement pouvoir vivre avec nous. C’était parce que je m’étais confortée dans cette idée que j’avais finalement refusé d’ouvrir toutes les lettres qu’il m’avait envoyées depuis mon précédent anniversaire, et comme pour me soutenir, Alex avait lui aussi décider de ne plus ouvrir les siennes. Un geste que j’avais vraiment su apprécier, toujours unis, c’était ce qu’on s’était promis… mais aujourd’hui tout cela n’était plus qu’une illusion, Alex n’était plus là, et je me retrouverais seule, quand bien même Logan, Abigaïl et Rebecca étaient là, c’était différent. Et aujourd’hui, je me rendais compte à quel point le geste d’Alex avait été pur, et le mien ampli d’égoïsme. Alex ne pourrait plus jamais lire ces lettres qu’il avait laissées de côté, moi je le pourrais. Alors que faire ? Allais-je ouvrir celle-ci ? Je n’en avais pas la moindre idée. D’un côté, je voulais des mots réconfortants d’une personne autre que ceux que j’avais déjà à Amityville, de l’autre je refusais de donner de nouveau de l’importance à un père qui ne se souciait pas tellement de ses enfants, puisqu’il n’avait même pas daigné risquer la prison pour l’enterrement de son fils.

    Sortant subitement de mon coma, je relevais la tête quelques secondes, sentant un regard posé sur moi. Je croyais apercevoir une silhouette qui m’était familière, et je décidais instamment de vérifier qu’il s’agissait bien de lui, si mes yeux décidaient enfin de cesser de me tromper. Car ces trois dernières semaines, j’avais cru plusieurs fois voir mon frère décédé et enterré, et j’avais désormais très peu confiance en ma vue. Peut-être que j’imaginais même cette lettre que je tenais dans les mains.
    Au loin, cette silhouette m’était bien familière, et je me demandais alors s’il resterait là-bas, si loin sans oser s’approcher davantage ou s’il finirait par se décider à venir s’asseoir sur les marches du perron à mes côtés. J’attrapais mon téléphone portable dans la poche de mon pantacourt, et machinalement composais le numéro de téléphone de Samuel, et lorsque je vis cette silhouette au loin se saisir de son téléphone portable et le portait à son oreille après quelques secondes d’hésitation, comme si voir mon numéro s’affichait le surprenait, je savais que je ne m’étais pas trompée.


    « Tu vas rester planté là-bas ? » Lui demandais-je une fois qu’il avait décroché, ne lui laissant pas le temps de dire quoi que ce soit.

    Mon ton n’était pas froid, il était morne, presque mort en vérité. Sans mes parents, j’étais tout à fait capable de vivre, tant qu’Alex restait au près de moi, tant qu’il ne m’abandonnait pas à son tour. Mais sans Alex, je ne faisais que survivre, la douleur m’étouffant au point que vivre n’était pas réalisable et que seul survivre m’était possible. Ainsi je ne vivais plus non, j’errais survivante sans lui.
Revenir en haut Aller en bas
Samuel R. Keller

Samuel R. Keller


Messages : 172
Date d'inscription : 23/08/2009
Age : 32

About you.
Your relationship.:
Theme Song.: Stand my ground - The Silent Force

Un corps vide de toute vie __Samuel Empty
MessageSujet: Re: Un corps vide de toute vie __Samuel   Un corps vide de toute vie __Samuel EmptyMer 26 Aoû - 23:58

    La maison du 112 ocean avenue était-elle réellement hantée ? Si les évènements de ces trente dernières années laissaient penser qu’elle l’était, je restais néanmoins septique. Je devrais y croire, j’étais après tout l’un des rares témoins de ces phénomènes étranges tout autant qu’inexplicables. Bien que témoin soit probablement un terme exagéré et loin de la réalité, plongée dans le noir, seules les ombres provoquées par les phares des quelques voitures passantes nous définissaient l’étendue de la maison ainsi que sa constitution. Puis les cris, d’affreux cris venus de l’étage, de celui-ci même où quelque instant plus tôt une partie du groupe montait. Je ne retrouvais mes amis que pour un ultime au revoir, le jour de leur enterrement. Six jours, six enterrements auxquels la ville entière c’était déplacée afin de rendre un digne hommage à ces six adolescents, fauchés trop jeunes par la mort. Il fallait tourner la page, oui, on me le conseillait, chaque jour on prenait de mes nouvelles, j’attirais sur moi une attention que je me méritais que je ne souhaitais pas. Je n’étais pas le plus à plaindre, de ces morts je n’avais perdu que de bons amis tandis que d’autres perdaient leur frère, leur cousin, leur petit ami ou leur meilleur ami. Des parents pleuraient leur enfant, des frères et sœurs se retrouvaient malgré leur souhait enfant unique. Je n’étais définitivement pas le plus à plaindre dans l’histoire. Même si on me plaignait d’être le responsable indirect, comment les réprimander ? Ils avaient raison.

    J’enfouis mes mains dans les poches du vieux jean que je ne quittais plus depuis deux jours. Non pas qu’il soit sale, je ne sortais pas assez ou très rarement pour le mettre dans un tel état, je me fis la réflexion de le changer le lendemain midi, je ne comptais pas me lever avant midi, m’étant endormi vers 3 heures du matin. Mes réflexions furent subitement interrompues par la vibration de mon portable, mis dans la poche de ma veste, m’indiquant au bout de deux vibrations qu’il ne s’agissait pas d’un message mais d’un appel. Je sortais l’appareil de ma poche. Si je ne la voyais pas tenant son propre téléphone à la main, je n’aurais jamais cru qu’Anna puisse m’appeler. Je décrochais. Sans attendre, elle me demanda si je comptais rester à ma place.


    « Plus maintenant. » Lançais-je faiblement en continuant de la fixer.

    Je raccrochais et m’approchais d’elle à pas lent.


    « Salut beauté. »
    Lui dis-je simplement.

    Je sortais mes mains des poches de mon jean et pris place à ses côtés. Assis sur le perron, nous n’échangâmes plus un mot l’espace d’une dizaine de secondes, un silence tendu et gênant qui me parut, malgré le peu de secondes passées, drôlement long. Je ne parlais pas, plus ou très rarement depuis la nuit du massacre. Je ne leur parlais pas à eux, les cinq autres suivants, nos pensées étaient les mêmes, nos réfléxions identiques, qu’importe le sujet dont nous parlerons une seule pensée, la même, hanterait notre esprit. L’oubli était quasi impossible, nous n’oublierons jamais, pourrions nous juste espérer que la douleur diminue, qu’elle s’appaise avec le temps, au fils des années.


    « Une lettre de ton père ? » Demandais-je en désignant l’objet d’un hochement de tête.

    Je connaissais d’avance sa réponse, oui, il s’agissait bien d’une lettre de son père, j’en étais convaincu. Je savais ce regard celui d’une petite fille abandonnée par ses parents, la mort de son frère accentuait le côté tragique de son regard vidé de toute expression.
Revenir en haut Aller en bas
Anna N. Doyle

Anna N. Doyle


Messages : 223
Date d'inscription : 23/08/2009
Age : 33

About you.
Your relationship.:
Theme Song.: All I Need - Within Temptation

Un corps vide de toute vie __Samuel Empty
MessageSujet: Re: Un corps vide de toute vie __Samuel   Un corps vide de toute vie __Samuel EmptyJeu 27 Aoû - 1:27

    Une seule soirée avait suffit à tous nous changer profondément, à faire de nous six, les survivants, des gens totalement différents de ceux que nous étions avant cette nuit. Comment en aurait-il pu être autrement après un tel drame ? Il était impossible que nous en ressortions tous égaux à ce que nous étions en y entrant. Bien qu’elle fût vraie, cette pensée me terrorisait à peine effleurait-elle mon esprit torturé et affaibli. Je crois que jamais plus nous ne serions les mêmes, peu importait le temps qui passerait, un mois, un an, dix ans, cette soirée demeurerait celle qui nous avait tous changé au point que jamais plus nous serions les adolescents que nous fûmes. La mort de mon frère me hantait, et mon incapacité à le sauver me rongeait. Je l’avais laissé mourir dans cette maison de l’enfer, je l’avais laissé là-bas, pendant qu’il mourrait. J’étais mortifiée, littéralement rongée jusqu’à l’os par cette perte, et par mon impuissance. Alex… j’avais tellement peur de l’oublier, de me réveiller un matin, de me demander comment était son sourire et de ne plus m’en souvenir. J’avais peur que le peu qu’il me restait de lui disparaisse avec le temps, une chose contre laquelle je ne pouvais strictement rien. Mais cette soirée ne m’avait pas seulement pris mon frère, ni cinq autres personnes que j’avais plus ou moins connues… elle m’avait pris bien plus que cela. N’étant plus que l’ombre de moi-même, je me perdais. Déjà ma relation avec Sam semblait compromise, nous étions dans une mauvaise passe, c’était certain et ce n’était pas du tout surprenant. Et je ne parlais pas de ma famille, de mon oncle Logan, sa femme Rebecca, ni même d’Abigaïl ma cousine dont l’innocence était à jamais perdu.

    Le téléphone à mon oreille, j’entendis une sonnerie puis le début d’une deuxième avant de finalement voir Samuel porter son propre téléphone à son oreille, et de lui couper tout élan en prenant immédiatement la parole. Bien que j’appréciais lorsque son regard se posait sur moi, je détestais qu’il le fasse en cachette, je n’aimais pas l’idée qu’il m’espionne ainsi, et pourtant, c’était de cette manière que je savais qu’il veillait toujours sur moi, malgré ce que j’aurai pu en dire. A dire vrai, je détestais surtout l’idée qu’il reste si loin de moi alors qu’il aurait pu venir bien plus près. Quand bien même ça n’allait pas vraiment entre nous depuis toute cette histoire, je ne voulais pas qu’il m’abandonne lui aussi. Je ne voulais plus qu’on m’abandonne encore…
    Il raccrocha finalement après m’avoir répondu, et de mon côté je fermais le clapet de mon téléphone sans remettre ce dernier dans ma poche, le gardant dans la main que j’avais de libre, celle qui tenait pas la lettre que je savais par avance que je n’ouvrirais finalement pas.


    « Salut. » Répondis-je au sien, sur un ton auquel j’essayais de donner un semblant de vie.

    Mon oncle avait raison, j’étais comme morte… morte en même temps qu’Alex, morte à l’instant même où j’avais su qu’il ne vivrait plus. Cette pensée m’angoissa, et je m’empressais de l’oublier pour ne pas faire une crise d’asthme, je ne souhaitais pas que Sam ait encore à me sauver de moi-même, et surtout je ne souhaitais pas l’inquiéter davantage quant à mon état aussi bien sur le plan physique que psychologique.
    Un premier silence s’installa entre nous, une dizaine de secondes tout au plus avant que Sam n’ouvre de nouveau la bouche pour me parler de ce que je tenais entre les mains, la lettre de mon paternel. Ne voulant pas que ma voix trahisse mon état, je ne fis que marmonner pour lui répondre.


    « Hum hum… » Lâchais-je, tentant de garder une voix plus sereine.

    J’humectais mes lèvres, les pinçant entre elles, avant de reprendre la parole. Ce que je m’apprêtais à dire à Sam, je n’avais l’occasion d’en parler avec personne d’autre que lui, si ce n’était Teddy.


    « Elles… elles allaient toujours par deux. » Dis-je, la voix légèrement cassée. « Elles s’ront plus jamais deux. » Ajoutais-je plus pour moi que pour lui, comme si j’essayais de me faire à cette dure réalité.

    Je prenais une inspiration plus forcée que les précédentes, je savais que parler de choses émotionnelles pouvaient à tout moment me déclencher une crise, et je travaillais justement à ce qu’aucune d’entre elles ne viennent perturber le véritable premier moment que je passais en compagnie de Sam après cette terrible soirée. J’étais certaine qu’il remarquerait l’effort sur ma respiration, cela faisait bien longtemps qu’il y faisait très attention, et qu’il était habitué à me calmer lorsqu’une nouvelle crise me prenait et que je n’avais pas de ventoline à portée de main.


    « Il est même pas venu à l’enterrement. » Lui signifiais-je, bien que je soupçonnais qu’il s’en doute. « Ca devait pas être si important pour lui... »
Revenir en haut Aller en bas
Samuel R. Keller

Samuel R. Keller


Messages : 172
Date d'inscription : 23/08/2009
Age : 32

About you.
Your relationship.:
Theme Song.: Stand my ground - The Silent Force

Un corps vide de toute vie __Samuel Empty
MessageSujet: Re: Un corps vide de toute vie __Samuel   Un corps vide de toute vie __Samuel EmptySam 29 Aoû - 0:03

    Je n’étais pas comme eux, je ne sortis pas aussi blessé qu’ils purent l’être de la maison. Ma douleur était en la culpabilité que je ressentais, et qui ne cesserait seulement lorsque mes cinq compères sembleraient retrouver leur gaieté d’entant, s’il le fut encore possible. Certes je souffrais de cette cruelle épreuve de la vie, mais je n’étais pas à plaindre. Des survivants, je retrouvais mon frère aîné, ma petite amie ainsi que ma meilleure amie, sains et saufs. Au contraire, mon frère perdit son meilleur ami, tandis qu’Anna et Kaylie enterraient la semaine passée celui qui fut pour elles un frère jumeau et un petit ami. Ainsi m’était-il impossible de m’apitoyer sur mon sort tant j’étais le seul véritable chanceux de cette tragique soirée.
    Je regrettais amèrement la proposition que j’avais soumise au groupe trois semaines plus tôt. Jamais jusque là je n’aurais pu croire au surnaturel, les monstres, les fantômes, un univers pour moi seulement cinématographique. Je ne crois que en ce que je vois, une philosophie qui m’avait suivit durant de longues années. Une philosophie de longue date donc, qui pourtant fut détruite en une dizaine de minutes, espace durant lequel nous entrions et nous sortions de la maison.

    Anna me confirma, sans que j’en aie vraiment besoin, qu’il s’agissait d’une lettre écrite par son père. Je n’avais jamais vu le père d’Anna et d’Alex, j’ignorais même si ces derniers le revoyaient depuis leur abandon. Ce que je pensais de cet homme résidait des propos que j’entendais de la bouche des jumeaux, un fugitif, un mauvais père dont les lettres étaient l’unique lien le reliant à ses deux enfants. Contre toute attente Anna continua à parler, réalisant que ces lettres, à l’habitude par paires, elle n’en recevrait maintenant plus qu’une. Je tournais la tête vers elle en remarquant le ton qu’elle prit. Je la savais extrêmement fragile depuis la mort de son frère mais jamais jusque là je n’avais été réellement témoin de sa profonde tristesse, à défaut de passer le premier moment ensemble depuis sa mort.


    « Viens là mon cœur. » Chuchotais-je en m’approchant un peu plus d’elle.

    Je me positionnais de façon à ce que son épaule gauche s’appuie contre mon torse, puis je passais une main derrière son dos, la poussant doucement à venir dans mes bras. Le visage enfouit dans ses cheveux, son odeur vint me chatouiller le nez. Dieu que je la connaissais cette odeur pour l’avoir sentis plus d’un millier de fois, enlacés, comme nous l’étions à cet instant, ou dans d’autres positions, une senteur dont je ne me lassais pas. Je déposais un baiser sur son front, mortifié de ne pouvoir lui être d’aucune autre aide. La réconforter en la prenant dans mes bras, en lui promettant d’être à jamais à ses côtés, étaient mes seuls arguments pour qu’elle retrouve son sourire, sans réelle efficacité. Alex était mort, il m’était impossible de le ramener près d’elle, et la promesse qu’un jour nous retrouverions son assassin aurait été lui mentir. Nous ignorons qu’il l’a tué, qui les a tués, tout comme nous ignorons si l’assassin était humain, ou l’eut été un jour.

    « La douleur s’apaisera Anna, je te le promets. » Lui dis-je sincèrement

    Jouant avec la poignée de cheveux retombant dans son dos, je me surpris à repenser à mes parents. Un an plus tôt, les rôles étaient inversés, tandis qu’Anna essayait désespérément de me réconforter, je sombrais chaque jour un peu plus dans le deuil et ses effets secondaires. De leurs morts, je me formai une carapace que peu sont capables de percer, sont-ils deux à pouvoir se venter d’y être déjà arrivé, Anna et Ethan.
    Faire le deuil d’un être cher est une étape autant moralement que physiquement éprouvante et éreintante. Sans Anna à mes côtés que serais-je devenu ? Je n’ose imaginer tant les différents scénarios que je pu imaginer sont aussi horribles les uns que les autres. Cependant, vont mieux ceux qui ont assez de jeu d’acteur pour le faire paraitre.


    « Si ton oncle me trouve ici, je suis mort. »
    Plaisantais-je sérieusement…

    Son oncle me rendait responsable du déroulement de la soirée. Je lui avait enlevé son neveu et avais traumatisé à vie sa nièce et sa petite fille en une soirée, de quoi m’en vouloir en effet..
Revenir en haut Aller en bas
Anna N. Doyle

Anna N. Doyle


Messages : 223
Date d'inscription : 23/08/2009
Age : 33

About you.
Your relationship.:
Theme Song.: All I Need - Within Temptation

Un corps vide de toute vie __Samuel Empty
MessageSujet: Re: Un corps vide de toute vie __Samuel   Un corps vide de toute vie __Samuel EmptySam 29 Aoû - 14:11

    Je savais que je n’étais pas seule, que d’autres étaient là pour moi. Mais quand bien même étaient-ils là, je ne parvenais pas à me libérer de ce sentiment profond d’abandon. J’avais perdu Alex, celui avec qui j’avais passé toute ma vie durant, depuis avant même notre naissance, jusqu’à sa mort prématurée trois semaines plus tôt. Il me manquait horriblement, à tel point que je perdais toute vie, j’étais semblable à un spectre. Jamais plus il ne viendrait me tirer du lit le matin en me prenant ma couette, jamais plus il ne me piquerait le dernier cookie juste sous mon nez, jamais plus il ne me glisserait à l’oreille « Je veillerais toujours sur toi » tel un grand frère pour sa petite sœur, bien que je n’avais que quelques minutes de moins que lui, cependant cela lui avait toujours suffit. Et la pensée que j’avais pu perdre bien plus ne me réconfortait pas. J’aurai pu perdre Abigaïl, ou encore Sam et même Teddy. Quand bien même leur perte aurait également été une déchirure, ils étaient après respectivement ma cousine, mon petit ami et mon meilleur ami, me dire que j’aurai également pu les perdre alors que je les avais toujours ne m’aidait en rien. La seule chose que je souhaitais à l’heure d’aujourd’hui fut qu’il revienne, et qu’il redevienne le frère incroyablement casse-pied mais tellement protecteur que je n’avais jamais cessé d’aimer, et qui jusqu’à lors ne m’avait jamais quitté.

    C’était le premier moment que nous passions ensemble, Samy et moi, après la mort d’Alex, et je n’en attendais pas moins de lui, lorsque, conscient de ma profonde peine que je ne pouvais lui cacher, il m’offrit ses bras comme réconfort. La dernière fois que ses bras m’avaient serré contre lui, c’était pour m’empêcher de pénétrer de nouveau au 112 Ocean Avenue lorsque je voyais que mon jumeau ne se trouvait pas avec nous, puis lorsque la dure réalité s’imposa alors à moi et que je vis le corps sans vie d’Alex.
    A l’enterrement d’Alex, je n’avais plus que sentir son regard sur moi, à défaut de l’avoir à mes côtés serrant fermement ma main comme pour me dire qu’il ne me lâcherait pas, ni maintenant ni jamais. Je soupçonnais mon oncle d’avoir quelque chose à voir dans cette histoire, j’ignorais simplement quoi. Ce que je savais néanmoins c’était que mon oncle refusait catégoriquement que Samuel ne remette les pieds chez nous, et qu’il s’approche d’Abigaïl, ou même de moi. Si je consentais aux deux premières obligations, pour apaiser la colère de mon oncle mais également sa douleur, je refusais de me plier à la dernière. Je verrais Sam que cela lui plaise ou non.

    Et tandis que je me trouvais dans les bras de Sam, mon épaule gauche contre son torse, il déposa un baiser sur mon front me promettant dans la seconde suite que la douleur s’apaiserait. Alors que j’en doutais fortement, mes yeux me piquèrent et une fois de plus je refreinais l’envie de pleurer qui me venait. Je ne voulais pas que l’on me voit ainsi, aussi vulnérable et aussi souffrante de son absence. Je pleurerais lorsque je serais seule… l’inconvénient ? Une fois seule, l’envie de pleurer n’était plus, je redevenais simplement tel un zombie, une âme errante sans le moindre but. Et dire qu’un an plus tôt, c’était moi qui lui servait ce discours, en bien plus élaboré cependant. J’avais passé de nombreux jours à lui faire comprendre qu’il n’était responsable de rien, et qu’il n’aurait rien pu empêcher.


    « Tu crois pas si bien dire. » Lui répondis-je tandis qu’il plaisantait à propos de mon oncle.

    Une plaisanterie douteuse, puisqu’elle était très certainement vraie. Et dans mon état actuel, je n’étais aucunement capable de convaincre mon oncle qu’il se fourvoyait. Mais était-ce mon état ou mes propres croyances qui m'empêchaient de m'ériger contre celles de mon oncle ?

    Soudainement je réalisais que Sam avait une partie de son visage enfouie dans mes cheveux, et qu’ainsi il pouvait sentir mon odeur aussi bien que moi je sentais la sienne, ou plutôt que j’aurai pu la sentir, puisque la seule odeur que je parvenais à sentir jusqu’à maintenant c’était celle de la mort. Je savais que Sam serait franc avec moi, aussi lui posait la question était la meilleure façon de savoir si je débloquais ou si je sentais réellement la mort.


    « Je peux te poser une question… bizarre ? » Lui demandais-je, sachant d’avance qu’il me dirait oui dans un marmonnement peu prononcé. « J’ai quelle odeur ? » M’enquit auprès de lui après un court silence, restant cependant dans le creux de ses bras.
Revenir en haut Aller en bas
Samuel R. Keller

Samuel R. Keller


Messages : 172
Date d'inscription : 23/08/2009
Age : 32

About you.
Your relationship.:
Theme Song.: Stand my ground - The Silent Force

Un corps vide de toute vie __Samuel Empty
MessageSujet: Re: Un corps vide de toute vie __Samuel   Un corps vide de toute vie __Samuel EmptyMar 1 Sep - 21:49

    J’inspirais puis expirais, mon nez toujours enfouit dans ses cheveux. Se serait mentir que de prétendre que son odeur ne me manqua pas, ainsi que la douceur de sa peau et sa façon si singulière de remettre une mèche rebelle derrière l’oreille, un geste bien involontairement sensuel. Tant de petits détails dont je tirais une importance capitale, aussi l’amoureux en moi est seul à en comprendre les pleines raisons. Ainsi enlacés, je sentais nos deux cœurs battre à l’unisson, un doux rythme plaisant à mes oreilles. Rester ainsi enlacés amoureusement l’un contre l’autre me paraissais être une bonne perception de l’avenir, un juste temps qui prendrait certainement vite fin. L’arrivée de son oncle metterait fin à nos élans affectifs, je ne doutais pas de sa prochaine venue puiqu’un seul regard à travers la vitre du salon trahissait ma présence. Je profitais ainsi du peu d’instant restant aux côtés de ma douce.

    Il m’était impossible de prendre sa place, quand bien même je souhaitais échanger nos rôles je ne serais dire si supporter une culpabilité à vie était un sentiment plus agréable que de faire le deuil de son frère jumeau. Je continuais de jouer avec ses cheveux, tirant sur les fines ondulations que laissait apercevoir sa chevelure brune. Sachant qu’elle n’aimait pas je continuais, pris de nouveau dans ce désir de l’embêter, un geste bien trop habituel pour que je l’oublie même les jours de tristesse.
    Ce que la vie nous réserva ce soir-là n’eut rien d’humain. Jamais je ne m’imagina être le témoin d’un tel drame. Jamais, après le malheurs dont je fus l’une des principales victimes une année auparavant, je n’aurais pensé vivre un autre drame. J’aimais à m’imaginer une vie totalement différente où parents, sœur et amis seraient encore de ce monde, et à mes côtés. Seulement les rêves ne sont là que pour être rêvés.

    D’un ton monotone elle confirma mes pensées, son oncle ne souhaitait pas que je remette un pied chez lui. Je respecterai sa volonté, et seulement celle-là. Je continuerai de fréquenter Anna, de la voir, de l’embrasser, que celui-ci soit contre ou non, même si j’espérais secrètement qu’il le redevienne un jour. Elle reprit la parole, hésitante un instant, j’hochais positivement de la tête.

    « Je t’écoute. »
    Signifiais-je simplement à son égard.

    Si je m’attendais à une question aussi banale que « Qu’as-tu donc mangé hier soir ? », mes attentes furent rapidement mises en pièces lorsque Anna eut finit de parler. Sa question n’avait rien de banal, autant bien même Anna la jugeait bizarre, je la trouvais encore bien loin de la réalité.

    Je restai un instant interdit. Qu’entendait-elle au juste par là ? J’arquai les sourcils, manifestant ma surprise et mon interrogation quant à sa question. A contre cœur je mis fin à notre enlacement, puis l’éloigna de moi avant de poser mes mains sur ses deux bras. Aucune fuite n’était possible, mes mains et mon cerveau solidement décidés à ne pas flancher. Elle n’aimerait certainement pas ma question et me répondre serait un miracle, mais je tentais tout de même.

    « Très bien. Qu’est ce qui se passe là-haut, hein ? »
    Lui demandais-je calmement en désignant sa tête du doigt.

    Je la savais attristée par la mort de son frère et de ses cinq autres plus ou moins amis, tout comme je la savais parfaitement incapable de rire dans de telles conditions. Aussi sa question n’avait-elle rien de comique, son but n’étant pas non plus de détendre une atmosphère quelque peu tendue. Je m’interrogeais sur l’origine de sa question, mais bon petit ami que j’étais, je lui laissais encore le bénéfice du doute. Peut être sa question n’avait-elle rien d’ambiguë, peut être était elle innocente.
Revenir en haut Aller en bas
Anna N. Doyle

Anna N. Doyle


Messages : 223
Date d'inscription : 23/08/2009
Age : 33

About you.
Your relationship.:
Theme Song.: All I Need - Within Temptation

Un corps vide de toute vie __Samuel Empty
MessageSujet: Re: Un corps vide de toute vie __Samuel   Un corps vide de toute vie __Samuel EmptyVen 4 Sep - 0:38

    Son odeur, sa peau contre la mienne, et son incessante manie de jouer avec mes cheveux même lorsque je le priais d’arrêter – une manie qu’en réalité j’appréciais, lorsqu’elle lui venait modérément, mais qui allait en m’agaçant lorsqu’il continuait indéfiniment à faire des boucles avec une mèche de mes cheveux – toutes ces petites choses ainsi que de nombreuses autres, comme sa façon d’attraper seulement deux de mes doigts – le majeur et l’annulaire le plus souvent – pour me tirer à lui lorsque je m’enfuyais à toute hâte, ou ce regard pétillant lorsqu’il s’arrêtait soudainement pour me regarder, ou encore sa façon de passer une main dans ses cheveux ébouriffés, toutes ces petites choses insignifiantes me manquaient. En ce qui concernait sa manie de jouer avec mes cheveux, je l’avais d’ores et déjà retrouvée. Je sentais dans mon dos sa main qui s’était saisi d’une mèche pour l’enrouler indéfiniment autour de son doigt. Je n’imaginais pas que ce qui m’agaçait chez lui serait la première chose qui me manquerait. Peut-être pas la première, mais en tout cas elle était parmi les premières choses à m’avoir manqué chez lui.
    Et pourtant, alors que toutes ces choses me manquaient, je ne tentais strictement rien pour y remédier. Je n’allais pas à l’encontre de mon oncle lorsqu’il parlait à mal de Sam, je me contentais simplement de l’ignorer, comme si je me fichais royalement de ce qu’il pouvait dire ou penser. Et je n’essayais pas de voir Sam non plus, je subissais ma vie sans essayer de réellement la vivre.

    Cependant il y avait un manque auquel je ne pouvais remédier de moi-même, de toute évidence. La seule odeur que j’étais capable de sentir depuis trois semaines était celle de la mort, une odeur dont je ne parvenais pas à me débarrasser si bien que j’avais l’impression que c’était moi qui transportait cette odeur partout où j’allais. C’était la raison pour laquelle je posais la question à Sam. Je savais que lui ne me mentirait pas, je savais qu’il serait honnête, quand bien même il aurait préféré me rassurer il m’aurait tout de même dit la vérité. Je savais que tous les autres ne chercheraient qu’à me rassurer, se fichant éperdument de la vérité dans l’histoire.
    Bizarre n’était peut-être pas le meilleur adjectif pour qualifier ma question, et je supposais que Samuel se disait la même chose lorsqu’il m’entendait poser ma question, et que soudainement il mit fin à notre étreinte que j’aurais pourtant souhaité prolonger plus longuement.
    Je soupirais, et d’un mouvement d’épaule je me défaisais de l’étreinte de Samuel mais ne me levais pas pour autant. Cependant je me tournais légèrement, ne faisant plus face à Sam, sans pour autant en avoir eu la réelle intention, c’était assez involontaire de ma part. Pas que je me détournais de lui, mais j’en venais de plus en plus à la conclusion que je débloquais sérieusement. Pourtant je ne lâchais pas l’idée, et je baissais finalement la tête, regardant au bas des quatre marches du perron.

    « S’il te plaît… c’est important. » Dis-je faiblement sans le regarder à nouveau.

    Je n’aurais pas dû lui poser cette question, j’aurai dû rester avec mes impressions bizarres et mes évènements inexpliqués comme je les appelais. Seulement si je parvenais à avoir au moins une réponse, je saurais peut-être si je débloquais vraiment ou s’il se passait autre chose dont j’ignorais l’origine.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Un corps vide de toute vie __Samuel Empty
MessageSujet: Re: Un corps vide de toute vie __Samuel   Un corps vide de toute vie __Samuel Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Un corps vide de toute vie __Samuel
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Long is the Road... } Samuel
» Anttend patiament { Samuel }
» Un petit tour | PV : Samuel |

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
AMITYVILLE . Rebirth :: { Archives :: .hors saison-
Sauter vers: