Un matin comme un autre { Anna }

Cette nuit, à contrario des précédentes, je m’endormais avec une facilité déconcertante. Cependant, après quare nuits blanches, était-il étonnant que je tombe de fatigue la cinquième nuit tandis que mes bras enveloppaient ma cousine qui dormait avec moi ? Cette nuit, je n’avais pas pu tenir face à la fatigue qui s’accumulait depuis ces quatre derniers jours, et je n’avais donc pas pu prendre soin de ma cousine Abigaïl. Chaque nuit, depuis la première fois qu’elle m’avait demandée à dormir avec elle, j’avais minuieusement surveillé chaque minute de sa nuit, reserrant parfois mon étreinte sur elle lorsqu’elle semblait prise d’un nouveau cauchemar. Parfois, tandis que le sommeil ne me venait pas, je remettais une mèche de ses cheveux en place, ou je murmurais à son oreille, lui promettant qu’à partir de maintenant je la protégerais autant que je le pourrais. C’était moi qui avais demandé à Abby et Alex s’ils voulaient venir avec moi ce soir-là… résultat ? La première était traumatisée, probablement à vie, alros que le second n’ouvrirait plus jamais les yeux. C’était une des raisons qui me tenaient habituellement éveillée durant toute la nuit, ma culpabilité. Mais quelle que fut s a force cette nuit, j’avais lâché prise après une heure de bataille, espérant qu’Abigaïl ne s’endorme avant moi. J’avais raté cet espoir, et je m’étais endormie sans savoir si ma cousine dormait également de son côté. Mais ce n’était pas pour autant que j’avais passé une bonne nuit. Lorsque je ne dormais pas, je rêvais éveillée… enfin il s’agissait bien entendu de cauchemars. Cette nuit, j’avais fait des cauchemars alors que j’étais endormie. Je ne m’étais pas réveillée en sursaut, expulsée de ces cauchemars, je n’en avais pas trouvé la force, j’étais bien trop fatiguée pour cela.

En me réveillant ce matin là, je contastais pour la première fois que mon lit était vide… vide dans le sens où Abigaïl ne s’y trouvait plus lorsque moi-même je décidais d’en sortir. Habituellement, j’attendais qu’elle se réveille pour me lever à mon tour, ne voulant pas la laisser. Mais ce matin, elle m’avait de toute évidence prise de vitesse. Rapidement, je prenais une douche sans chercher à réellement me laver, et une fois sortie je peignais tout juste mes cheveux en bataille avant de m’habiller et de descendre. Tandis que petit à petit, je descendais une par une les marches, j’entendais de plus en plus nettement le son de la télé et reconnaissait un dessin animé que nous avions l’habitude de regarder en famille, malgré que ce ne soit qu’un dessin animé et qu’Alex et moi avions largement dépassé l’âge de flemmarder devant des dessins animés. Je me dirigeais machinalement vers le salon, où je trouvais Abby devant ce dit dessin animé… Qu’avais-je fait ? Lorsque je regardais Abigaïl devant ce poste de télé, ma culpabilité me revenait, et je me souvenais alors de les avoir invité à cette soirée qui donna la mort à mon frère jumeau.

− Hé ! On sort avec Sam, Ethan et plein d’autres. Ca vous dit de venir ? Leur avais-je demandé.
− Tant que Sam ne te bécote pas devant moi, répondit mon frère amusé.
− Tu fermeras les yeux, frangin. Et toi tu veux venir ? Demandais-je de nouveau à Abby.
− Y’aura Teddy ? Me demanda-t-elle.
− Oui, tu pourras t’amuser à lui démontrer qu’il a tort, lui dis-je en plaisantant, sachant parfaitement que Teddy et Abby aimaient confronter leur génie respectif.

Je m’approchais finalement du canapé dans lequel était assis Abby, et je passais machinalement une main dans ses cheveux fins, les mêmes que sa mère Rebecca, une femme extraordinaire selon moi. Elle m'avait élevée avec mon frère, alors que nous étions le neveu et la nièce de l'homme qu'elle aimait, rien de plus. Et pourtant, elle nous avait aimé sans condition.

« Tu regardes quoi ? » Lui demandais-je plus pour commencer une conversation que pour avoir une réelle réponse à cette question.